Washington ! Mardi 20 Janvier 2015.-
Par Anne-Marie Capomaccio (RFI)
Le président américain Barack Obama a plaidé mardi 20 janvier 2015 en faveur d’une meilleure redistribution des fruits de la croissance, a l’occasion du discours sur l’état de l’Union au Capitole, centré sur la politique intérieure ainsi que les affaires étrangères.
« Nous voici quinze ans dans le nouveau siècle. Quinze années qui ont débuté avec une attaque terroriste sur notre territoire, qui ont engendré deux guerres longues et coûteuses, qui ont vu une récession violente se répandre à travers notre pays et le monde. Les temps ont été difficiles. Ils le sont toujours pour beaucoup. Mais ce soir, nous tournons la page.
L’ombre de la crise est passée, et l’état de l’Union est fort. », a dit le 44e président des Etats-Unis dans son avant-dernier discours sur l’état de l’Union
« Je n’ai plus de campagne à mener, a-t-il lancé sous les rires de l’assistance, traditionnellement très réactive à ce discours annuel. Mon seul agenda, pour les deux années à venir, est le même que le jour où j’ai prêté serment sur les marches de ce Capitole : c’est de faire ce qui est le mieux pour l’Amérique. »
Barack Obama surfe sur la reprise, dont bénéficie l’économie américaine plus que tout autre pays au monde. Les sondages semblent d’ailleurs valider sa compétence, puisque plusieurs instituts ont tout récemment diffusé des études démontrant que le président a remonté la pente, à plus de 50% d’opinions favorables. Mais le numéro 1 américain entend désormais lutter pour que le Congrès ne réserve pas les bénéfices de l’embellie économique aux plus fortunés.
« Notre pays, a-t-il expliqué, doit choisir de redistribuer les gains d’une économie en pleine expansion. » Barack Obama dit espérer redistribuer les fruits de la croissance américaine : la gratuité des cycles courts à l’université, des crédits d’impôt pour les plus démunis, des congés de maladie et de maternité payés, un appel au Congrès pour l’augmentation du salaire minimum. Et pour financer ces mesures : des hausses d’impôts et la suppression de niches fiscales pour les foyers dont les revenus sont au-dessus de 2 millions de dollars par an.
« Aujourd’hui, nous sommes le seul pays développé du monde qui ne garantit pas de congé de maladie ou de congé maternité payé à nos travailleurs ; 43 millions de travailleurs n’ont pas de congé de maladie rémunéré, regrette Barack Obama. Je vais donc prendre des mesures pour aider les Etats à adopter de telles lois dans leur région. Et puisque dans les Etats qui ont mis ces congés de maladie payés au vote en septembre dernier, cela a été un succès, mettons cela au vote, ici, à Washington ! »
« Envoyez-moi un projet de loi qui donne à tout travailleur en Amérique, le droit d’avoir sept jours de congé de maladie payé ! C’est une mesure juste. Bien sûr, rien ne remplace une augmentation de salaire pour boucler les fins de mois. Et à ceux dans ce Congrès qui refusent toujours d’augmenter le salaire minimum, je dis ceci : si vous pensez vraiment qu’on peut travailler à temps plein et élever une famille avec moins de 15 000 dollars par an, essayez donc ! Sinon, votez pour donner une augmentation aux Américains qui travaillent le plus dur. »
« Sur Cuba, nous mettons fin à une politique dont la date de péremption avait expiré depuis longtemps, a raillé le président américain . Quand ce que vous faites ne fonctionne pas pendant 50 ans, il est temps d’essayer quelque chose de nouveau ».
« Cette année, le Congrès devrait se mettre au travail pour mettre fin à l’embargo. Comme le pape François l’a dit, la diplomatie se bâtit à petits pas. Ces petits pas ouvrent un nouvel espoir pour l’avenir de Cuba. Et après des années en prison, nous avons l’immense joie d’avoir ramené Alan Gross à la maison, chez lui. Bienvenue Alan ! » La présence au Capitole, lors de son allocution, d’un Alan Gross récemment libéré par La Havane après cinq ans passés dans les geôles cubaines, a été saluée par un tonnerre d’applaudissements.
Il dit espérer laisser un héritage en la matière, à savoir la paix retrouvée avec ce pays. Barack Obama a évoqué les deux guerres engagées par son prédécesseur George W. Bush, en Afghanistan et en Irak, et a reconnu que les Etats-Unis étaient toujours engagés dans un conflit contre le terrorisme actuellement. Réaliste sur ce sujet, le président a reconnu que si l’avance du groupe Etat islamique a été stoppée en Irak et en Syrie, le combat n’était pas terminé pour autant. « Ce sera long », a-t-il dit, avant de demander au Congrès de voter un texte de loi qui permette l’utilisation de la force contre le mouvement terroriste EI.
Le président américain est enfin revenu sur une promesse originelle de campagne, celle qui avait d’ailleurs fait l’objet de sa première signature officielle en tant que président en 2009, à savoir la fermeture de la prison de haute sécurité de Guantanamo. Une prison que « le monde condamne et dont l’existence sert d’argument au recrutement des terroristes », a pointé Monsieur Obama.
« Ma détermination à fermer cette prison est entière », a repris le président, alors qu’il reste aujourd’hui 122 détenus à Guantanamo, contre 680 en 2003. L’administration américaine espère arriver à ne garder que 80 prisonniers non libérables, pour rouvrir le débat sur la fermeture du centre et plaider un transfert de ces détenus sur le sol américain.