Quatre ans après le tremblement de terre tragique, des institutions haïtiennes nationales, la société civile, des communautés et des citoyens s’évertuent à prendre le contrôle de la reconstruction et du développement du pays.
Port-au-Prince, Haïti. Quatre ans se sont écoulés depuis que le tremblement de terre a tués plus de 200 000 personnes et plongé Haïti dans une des plus graves crises de son histoire. Malgré le travail qu’il reste à accomplir, l’organisation internationale Oxfam reconnait qu’il y a eu des avancées significatives et positives vers la reconstruction et le développement. Et si Oxfam reconnait les efforts consentis par l’Etat Haïtien pour assumer son rôle de leader, elle souligne cependant le besoin de parvenir à un processus participatif qui intègre des organisations de la société civile, des communautés et des citoyens.
Aujourd’hui, si 89 % de la population déplacée depuis le tremblement de terre de 2010 n’habitent plus dans les camps, il reste toutefois 172 000 personnes qui vivent toujours sous des tentes, avec un accès limité aux services essentiels comme l’eau et l’assainissement. Si des efforts vers des solutions durables comme la relocalisation communautaire ou l’intégration au niveau communautaire ne sont pas amplifiés, beaucoup de personnes sans solutions permanentes de logement risquent de rester en situation d’extrême vulnérabilité face aux chocs.
Pour ce faire, le gouvernement a mis en place une politique du logement, qui inclut un mécanisme de coordination avec les décideurs, et les acteurs clés. Oxfam encourage le gouvernement à garantir la participation de toutes les communautés concernées et les organisations de la société civile, ainsi que d’autres institutions de l’État dans ce mécanisme.
La participation des citoyens et des organisations locales est très importante pour construire des structures de gouvernance effectives où la population haïtienne peut influencer les décisions politiques et les processus qui l’affecte. Bien qu’il y ait des progrès en termes de construction de logements permanents, les investissements dans les quartiers doivent augmenter pour fournir des services de base à la population.
« Cette quatrième commémoration nous rappelle l’importance de la normalisation des codes de construction et des engagements qui ont été pris depuis le tremblement de terre, dit la directrice pays d’Oxfam, Yolette Etienne. Nous reconnaissons que le gouvernement a fait des efforts pour produire des guides et des codes par rapport à la reconstruction. Toutefois, ils doivent être renforcés et suivis strictement. Les Haïtiennes et les Haïtiens ont droit à un logement sécuritaire, ainsi qu’à l’éducation, et à la sécurité alimentaire. »
Malheureusement, le logement n’est pas le seul problème urgent . En 2012, la moitié des cas présumés de choléra dans le monde ont été recensés en Haïti. Entre janvier et décembre 2013, 57 377 cas présumés de choléra et 582 morts ont été enregistrés et 45 000 nouveaux cas sont attendus en 2014.
Malgré ces statistiques inquiétantes, les cas de choléra ont baissé de plus de 50 % par rapport à 2010. Ce progrès est le résultat du travail persistant de collaboration entre le Ministère de la santé, la DINEPA (Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement), les organisations locales de la société civile et les communautés, pour mettre en place des structures techniques, des processus et, dans certains cas, des infrastructure pour réduire la propagation de la maladie. Aujourd’hui, la population s’évertue à s’approprier ces structures et processus. Oxfam considère cette appropriation comme un facteur clé du développement durable nécessaire aujourd’hui.
Les acteurs internationaux doivent continuer à supporter ces efforts nationaux. La réduction de risques des catastrophes est justement l’autre domaine où il y a eu des avancées positives. L’année dernière, la Direction de la protection civile (DPC) a fait beaucoup de progrès en renforçant ses capacités à tous les niveaux, y compris la coordination, la gestion de l’information, la gestion de l’évacuation, et l’inclusion du déplacement interne dans la préparation de la réponse. Oxfam a collaboré considérablement avec la DPC, aux niveaux national, départemental et local, et en améliorant la préparation et la réponse aux catastrophes.
Ces efforts conjugués entre les acteurs nationaux et internationaux sont non seulement les piliers d’une reconstruction effective du pays, mais aussi de la construction de structures inclusives de gouvernance à tous les niveaux, répondant aux besoins des personnes les plus vulnerables. Cependant, Oxfam encourage l’État Haïtien à continuer à développer des structures de gouvernance décentralisées qui promeuvent l’engagement de la jeunesse et des femmes aux institutions et aux processus nationaux.
« Ce dont on a besoin aujourd’hui pour qu’Haïti se relève est un effort collectif entre les acteurs nationaux et internationaux, où chaque partie amène à la table son expérience, son expertise, et ses capacités sous le leadership de l’Etat Haïtien, » conclut madame Etienne.
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