Port-au-Prince ! Dimanche 5 Octobre 2014.-
Madame, Monsieur
Je suis ému en cette journée internationale des enseignants placée sous le thème : « Investir dans l’avenir, Investir dans les enseignants ». Ému, en pensant aux 25 ans de carrière de ma mère comme institutrice d’école nationale, qui a commencé les premières années de service à dos de cheval dans les montagnes reculées de Vallières, ensuite de Dosmond dans le Nord ‘est du pays. Ému aussi pour les 25 ans de service de mon père qui a formé des générations comme instituteur d’école nationale et ensuite promu à d’autres fonctions. Ému en pensant à vos sacrifices tous les jours, pour éduquer les jeunes générations du pays.
Cher (e) enseignant ( e)
Au moment où je vous écris, vous avez été plus de cent vingt mille (120 000) à vous enregistrer au cours de ce mois de septembre pour recevoir le Permis provisoire d’enseigner (PPE). Je profite de cette occasion pour vous remercier de tous les efforts déployés pour rendre possible cette enquête qui aboutira au premier Registre national des enseignants. Ceci constitue une conquête collective historique de toute la communauté éducative.
J’ai aussi récemment adressé une lettre aux élèves d’Haïti, lettre dans laquelle je mettais en perspective leur parcours éducatif pendant cette année scolaire qui débute. Je voulais souligner pour l’occasion que toute notre attention devait se porter sur ce qui constitue la raison d’être de toute action éducative : l’apprenant.
N’oubliez jamais que l’apprenant est la raison d’être de votre cœur de métier. Ainsi, prenez le temps nécessaire de le placer au centre de vos préoccupations professionnelles. Prenez le temps d’être à leur écoute activement. En effet, « enfants d’aujourd’hui, adultes de demain », soyez les modèles qui façonneront ce citoyen dont Haïti a besoin pour son émergence. N’oubliez pas non plus d’associer les parents dans le processus enseignement-apprentissage. Soyez exemplaires ! Soyez rassurés, c’est aussi la même consigne que j’ai passée au sein de l’administration du ministère.
Cependant, la pierre angulaire de l’entreprise d’éducation, celui ou celle qui doit porter sur ses épaules le projet éducatif national, qui devra, journée après journée, mois après mois, année après année faire émerger les cerveaux de demain reste et demeure vous, l’indispensable, l’irremplaçable enseignant(e).
Tous tant que vous soyez, vous méritez la considération du ministère de l’Éducation nationale, la considération de l’ensemble du Gouvernement Martelly-Lamothe qui fait de l’éducation l’un des principaux vecteurs de l’action gouvernementale, en finançant par des mécanismes innovants plus d’un million d’écoliers.
Cher (e) enseignant ( e)
L’initiative du Président de la République, S.E.M. Michel Joseph Martelly de promouvoir la scolarisation universelle et obligatoire marque un tournant dans la quête historique du pays d’un accès pour tous à l’éducation de base. Des avancées concrètes et objectivement mesurables sont observées. Elle a permis d’augmenter de plus de 10 % le budget du ministère de l’Éducation nationale pour l’exercice fiscal 2013-2014 grâce aux montants collectés via les transferts, les appels téléphoniques et les taxes internes investis dans cette initiative. Aujourd’hui, c’est plus de 5 % du PIB investi dans l’éducation au cours de ces trois dernières années, contre 2, il y a encore dix ans. Grace à ces nouvelles ressources apportées dans le système éducatif, Haïti se rapproche aujourd’hui du taux net de scolarisation de 90 %, avec plus de 200 nouvelles constructions d’établissements scolaires. C’est aussi pour cela, qu’une vaste série de mesures est en train d’être mis en œuvre pour éviter que cette massification des effectifs scolaires n’aggrave davantage le faible niveau de qualité et du rendement scolaire.
Cher (e) enseignant ( e) du secteur public
La conquête que représente pour vous, l’arrêté signé par le Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe, portant statut particulier des personnels éducatifs, est une avancée significative pour la revalorisation du métier de l’enseignant. Cela s’est traduit, entre autres, par le relèvement salarial d’avril 2014, touchant plus de 27 000 enseignants du secteur public. Quoiqu’encore faible, il a permis une augmentation de plus de 40 % du salaire minimum de base de l’enseignant du secteur public qui est passé de 9 250 gourdes à 13 000 gourdes mensuellement.
Certes, beaucoup reste à faire dans ce domaine quand on sait qu’il faut en plus régulariser la situation de plus de 7 000 enseignants du secteur public, qui n’ont pas intégré le système éducatif selon les normes de la fonction publique et pour lesquels le Gouvernement a du émettre tardivement des lettres de nomination afin qu’ils commencent graduellement à émarger au budget de l’état. En effet, il convient de souligner qu’aucun des 27 000 enseignants du secteur public dument nommés, n’accuse des arriérés de salaires. C’est pourquoi, je sollicite la collaboration de tous pour que plus aucun enseignant n’ait à travailler sans recevoir de salaire, ce qui suppose que plus qu’aucun enseignant ne soit dans une salle de classe sans être dûment nommé par la seule autorité compétente en la matière, selon les lois régissant la fonction publique haïtienne.
Cher (e) enseignant ( e) du secteur privé
Comme vos collègues du secteur public, je sais que vous exercez un métier difficile, dans des conditions loin d’être idéales, souvent sans la considération due à votre action. Vous n’en avez que plus de mérite. Cependant pour exercer votre métier avec plus d’autorité, il a été décidé de mettre en place à votre intention un vaste programme de requalification qui fera de vous à terme le véritable professionnel de l’éducation dont Haïti a besoin pour entrer résolument dans le XXIème siècle.
Le permis d’enseigner, instauré par l’Arrêté présidentiel publié dans le moniteur en date du 2 septembre 2014, vise au même titre que vos collègues du public, à vous distinguer en vous conférant une carte qui vous donnera accès à des privilèges qui vous seront exclusivement réservés accès prioritaire à des services, réduction sur les montants de certaines prestations académiques, séjour d’étude à l’extérieur, etc. Le chemin de la requalification pourra vous sembler difficile, mais à la fin, il sera le signal que les parents et la communauté attendent.
Que vous tous, enseignants, enseignantes, soyez assurés de l’appui indéfectible des différentes instances de direction du MENFP dans l’accomplissement de vos nobles tâches.
Je vous souhaite à tous une fructueuse année académique 2014-2015.
Nesmy Manigat
Ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle