Port-au-Prince ! Dimanche 8 mars 2020.-
La Journée internationale des femmes est un jour où les femmes sont reconnues pour leurs réalisations. C’est une occasion de faire le point sur les luttes passées, de préparer l’avenir et les opportunités qui attendent les futures générations de femmes.
Le monde a réalisé des avancées significatives dans la réalisation des droits des femmes, mais aucun pays n’a encore atteint l’égalité des sexes.
Au moment où depuis cinquante ans, des progrès dans les domaines de la science et de la technologie ont été sans précédent, dans le même temps, des restrictions légales ont empêché 2,7 milliards de femmes d’accéder au même choix que les hommes en matière d’emploi. Moins de 25 pour cent des parlementaires étaient des femmes en 2019. Et une femme sur trois faits toujours l’expérience d’une violence basée sur le genre.
En Haïti, quoi que le chemin vers la réalisation effective des droits des femmes soit encore long, les Nations Unies se félicitent des progrès faits par le Gouvernement. En effet, ce dernier a pris les devants dans la formulation de la politique d’égalité de genre 2014-2030 et du plan d’action d’égalité homme/femme 2014-2020, dont les orientations rejoignent l’Objectif de Développement Durable numéro cinq qui instruit les Etats à « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles, d’ici 2030 ». Également, une évolution a été constatée dans le corps de la police nationale qui depuis l’adoption du plan stratégique de développement 2017-2021, compte désormais 10,5 % de femmes.
En Haïti comme dans certains autres pays, les femmes reçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes. Elles travaillent plus dans le secteur informel. Selon les données collectées par des études récentes, 55,9% n’ont pas le droit à la sécurité sociale, et seuls 30% des femmes ont des emplois formels. Par voie de conséquence, elles ont un accès limité aux ressources et aux opportunités économiques.
En Haïti toujours, la santé maternelle reste un défi avec 529 décès pour 100.000 naissances vivantes. 76% des survivantes de violences sexuelles n’ont pas recours à des supports psychologiques. Moins de 10% des violences faites aux femmes étant signalées à la police. Les violences basées sur le genre sont trop fréquentes et restent trop souvent impunies. 10% des filles de moins de 19 ans sont déjà mères ou ont déjà une vie procréative. Le taux de fécondité chez les filles non scolarisées est 3 fois plus élevé que celui des filles qui ont atteint le niveau secondaire. Le droit à la santé des femmes, plus particulièrement le droit à la santé reproductive est inaliénable pour garantir leur autonomisation et l’atteinte de l’égalité de genre.
Le moment est venu pour faire l’évaluation de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ratifié par Haïti en 1981, et dont le dernier examen du rapport périodique de l’Etat d’Haïti date de 2016. Dans l’attente du prochain rapport qui est attendu pour cette année-ci, le gouvernement haïtien est encouragé à faire en sorte que les lois qui sont en attente d’être votées par le Parlement, en particulier, celles qui portent sur l’égalité des sexes, la lutte contre les violences faites aux femmes, soient effectivement votées pour permettre aux femmes de jouir des droits qui leur sont légitimes.
L’année 2020 est une année charnière pour l’avancée de l’égalité des genres. A cet effet, le système des Nations Unies lance un vibrant appel à tous les acteurs nationaux pour qu’ils se mobilisent en faveur d’une accélération de la réalisation des droits des femmes et des filles haïtiennes.
Le thème de cette année pour la Journée internationale des femmes est « Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes » traduit en créole, « Egalite Fanm ak Gason dwe bousòl pou respè dwa fanm ».
Le Secrétaire Général des Nations Unies a appelé les hommes à soutenir les droits des femmes afin de mettre fin à la « honte du 21e siècle » que constitue l’inégalité des sexes. Faisons en sorte que 2020 fasse la différence pour les femmes et les filles de tous les pays !
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