C’est en présence d’une assemblée composée en grande partie d’étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti, qui s’était réunie dans le cadre d’une causerie, que la directrice exécutive de la Fondation Connaissance et Liberté (Focal), Michèle Pierre-Louis a rendu, le vendredi 7 mars 2014, un hommage posthume à son ami de longue date, Jean Métellus, décédé le 4 janvier de la même année.
Pour Madame Pierre-Louis, Jean était un vrai passionné d’écriture. Il se réveillait tous les matins à 4 heures, même pendant ses jours de vacances, et, pour écrire, dormait très peu. Le résultat de Jean Metellus, est indiqué dans un legs de plus d’une vingtaine de titres, traduit dans plus de quinze langues étrangères, explorant tous les genres littéraires : essai, roman, théâtre, œuvres scientifiques, poésie, a signalé la directrice exécutive de la Focal.
C’est par cette forme d’expression qu’il fit, grâce à ses deux mentors, André Malraux et Jean-Paul Sartre, son entrée dans l’univers de la littérature et dans la grande famille Gallimard en 1978, avec Au Pipirite chantant. Malraux, au soir de sa vie, faisait d’ailleurs, de cette production, son livre de chevets, a confié Michèle Pierre-Louis.
Un autre texte de Métellus, Les peintres haïtiens et le vaudou, a profondément marqué l’ancien ministre de la culture français. C’est ce qui l’a poussé à visiter Haïti où il découvrit, dans les hauteurs de Fermathe, à Soisson La montagne, les peintres du mouvement Saint Soleil, un groupe évoluant sous la direction de Jean Claude Garoute dit Tiga.
Les textes de Jean Metellus transpirent Haïti. Jacmel ; Jacmel au crépuscule, un texte dans lequel il analyse, à tout point de vue (mœurs, environnement, morale), la dégradation de sa ville natale, « la seule ville d’Haïti que je connais », disait-il toujours. « J’ai un peu contribué à alimenter et à maintenir sa claire vision d’Haïti, une vision qui l’a traversé toute sa vie. Pendant 45 ans, je lui ai envoyé une quantité de livres, fait la copie des textes rares pour qu’il puisse s’inspirer. Ces textes lui ont permis de travailler ses romans, ses pièces de théâtres, sa poésie», a révélé Madame Pierre-Louis.
Jean Metellus est habité par l’histoire de son pays, Haïti, qu’il a laissé alors qu’il n’avait que 20 ans. Et ses romans ont transpiré cette histoire, en témoignent ses premières publications romanesques historiques : La famille Vortex, Les Cacos, L’année Dessalines, ses derniers romans : Toussaint Louverture, le précurseur ou ses pièces de théâtres : Anacaona, Le Pont Rouge, Toussaint Louverture. Il ne s’est pas contenté d’écrire sur la fiction ou sur sa ville natale. En tant que médecin-neurologue, il s’intéresse à l’aphasie et travaille dans des hôpitaux à Paris avec des enfants bègues et des adultes victimes de thrombose cérébrale.
Etant linguiste doublé de médecin-neurologue, il a laissé à la postérité deux œuvres immenses : ”Voyage à travers le langage” et Vive la dyslexie. Deux œuvres hautement scientifiques montrant l’intérêt du Docteur Métellus pour les problèmes du langage (alexie, dyslexie, aphasie, bégaiement). Il y a consacré toute sa vie. Ironie du sort, quelques mois avant sa mort, de Jean Métellus, a été victime d’une thrombose cérébrale ce qui rendait difficile son articulation. Pour avoir une idée, la dernière intervention de Jean Métellus avec le journaliste Arthus Weibert est disponible sur Youtube, a encouragé Madame Michèle Pierre-Louis.
Au cours de cette causerie, la directrice exécutive de la Focal a esquissé un côté intimiste de Jean Métellus avec qui elle a entretenu une longue et fructueuse amitié de 45 années. En 1959, Jean Métellus laisse son Jacmel natal et son Haïti chérie pour l’Espagne où il transite sans papier par la France, avec 375 gourdes en poche. Le consul, le Dr Jean Price Mars, l’aide à obtenir son permis de séjour. Il étudie la médecine, et s’est marié à une Lorraine, professeur de mathématiques, Anne-Marie Cercelet avec qui il a eu trois (3) enfants.
Michèle Pierre-Louis, invite les haïtiens (jeunes et vieux) à lire l’œuvre immense du poète, du dramaturge, de l’homme de science, et quant à elle ; elle dit garder dans sa mémoire des souvenirs indélébiles de cette longue amitié.
Dans la compilation Europe dédiée à Jacques Stephen Alexis figure le texte « Homme de plein vent » paru sous la plume de Philippe Décius, qui n’est autre que Jean Métellus.
HIP
James Dufresne /gerdjineclaire@yahoo.fr