Port-au-Prince ! Dimanche 9 Juin 2019.-
Par RNH
La manifestation du mouvement challenger appuyée par une frange de l’opposition politique, des secteurs organisés de la société civile et membres du secteur privé des affaires dimanche 9 juin 2019, à Port-au-Prince et en banlieue avait réuni plusieurs milliers de personnes qui ont appelé à la démission du Président de la République Jovenel Moïse dont le nom est cité dans le rapport final de l’audit de la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif sur l’utilisation du fonds Petrocaribe.
Certains manifestants se sont également plaints du coût excessif de la vie accentué notamment par la dévaluation de la gourde par rapport à la monnaie américaine.
La branche de la manifestation qui était partie du carrefour de l’aéroport, avait à sa tête l’ancien sénateur Jean-Charles Moise, principal dirigeant de la Plateforme « Pitit Desalin » qui en plus de ses desiderata, a dénoncé les manœuvres des bourgeois récupérateurs de cette lutte.
Sur le parcours Delmas/Pétion-ville, une foule grandissante précédée de motocyclistes, a défilé sous escorte policière et repris en cœur des slogans hostiles aux anciens dirigeants de l’Etat qui sont impliqués dans la gestion du fonds Petrocaribe de 2008 à 2016.
Certains manifestants vêtus de maillots blancs à l’inscription « Nou Pap Dòmi », ont également dansé au rythme de la musique jouée par un disc-jockey jusqu’au niveau de Delmas 60.
Là, les manifestants étaient divisés sur la suite du parcours. Certains voulaient monter à Pétion-ville jusqu’à Pèlerin 5, entrée de la résidence du Chef de l’Etat ; d’autres envisageaient de descendre sur la route de Bourdon pour atteindre l’ère du champ de mars.
Des manifestants ont incendié une ancienne maison en bois et endommagéplusieurs véhicules devant les locaux de la directionn départementale de la police nationale d’Haiti.
Certains manifestants ont livré une lutte avec les agents de la PNH en direction de qui ils ont lancé des pierres. Les policiers ont riposté en lançant eux aussi des gaz lacrymogènes pour les disperser.
Un manifestant d’une vingtaine d‘années a été tué après avoir reçu une balle à la poitrine et plusieurs autres blessés.
Le manifestant décédé était conduit au centre de soins de « Sam Ambulance » à Lalue où une foule tentait de s’emparer du cadavre.
Des violences ont émaillé la manifestation du dimanche 9 juin 2019, notamment à Port-au-Prince avec des scènes de pillage enregistrées dans un dépôt près du Market Roi des rois au champ de mars.
La barrière principale du siège de l’ambassade de France à la rue Capois a essuyé des jets de pierres et faisait l’objet d’une tentative d’incendie ainsi que les locaux de la direction de l’immigration et de l’émigration à l’Avenue John Brown.
Plusieurs vitres de maisons et de véhicules ont été brisées par des manifestants, ont constaté des journalistes.
Les 4 sénateurs de l’opposition et les membres du secteur démocratique et populaire, étaient aussi parmi les manifestants qui n’ont pas réussi à entrer dans la cour du palais présidentiel contrairement à ce qu’ils prétendaient, en raison d’un grand dispositif de sécurité mis en place par les forces de l’ordre.
Tôt dans la matinée, les marchés et le trafic automobile fonctionnaient au ralenti sur le circuit Delmas / Pétion-ville où les principales artères jonchaient de débris, détritus et de pneus enflammés.
Des manifestants ont tenté en vain d’emprunter la route de Kenscoff. Au niveau de Pèlerin 2, des individus ont érigé des barricades en support à ce mouvement de protestation.
Le porte-parole de la PNH, Michel-Ange Louis-Jeune, a quant à lui, fait état de 2 tués, 4 blessés durant la journée du 9 juin.
Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs chefs-lieux de départements et villes du pays pour les mêmes motifs notamment à Gonaïves, Saint-Marc, Mirebalais, Cap-Haitien et Petit-Goave.
Dans la cité Faustin Soulouque, un chef de file de ce mouvement a été pris à partie par certains manifestants.
AMO
Crédit/Photo: Loop Haïti