Port-au-Prince ! Mardi 5 Mai 2015.-
« Une Formation professionnelle de qualité pour une Haïti économiquement forte », est le thème du premier Salon de compétences, organisé conjointement à Port-au-Prince les 2 et 3 mai 2015, par le Centre de formation professionnelle d’Haïti (CFPH) Canado Technique et la Chambre des métiers et de l’artisanat d’Haïti (CMAH).
Les organisateurs ont accueilli les visiteurs et visiteuses, exposants et exposantes sur les deux sites du Canado (classique et professionnel), situés à Turgeau pour ces deux journées.
Lors de la cérémonie d’ouverture ayant eu lieu samedi 2 mai à la salle de conférence du Collège Canado Haïtien en présence notamment d’un représentant de l’Union Européenne, le directeur général du CFPH, le frère Gary Pierre a souligné la nécessité de promouvoir la formation professionnelle en Haïti afin d’offrir un marché compétitif par rapport aux autres pays de la région.
Le frère Pierre qui s’est déclaré réjoui de l’organisation de cette activité mettant en valeur le potentiel humain haïtien, encourage les jeunes à embrasser la formation professionnelle pour être en mesure d’intégrer le marché du travail après leurs études.
Le président de la chambre des métiers et de l’artisanat d’Haïti, Monsieur Hans Garoute dans ses propos de circonstance, a rejeté la connotation de « petits métiers », attribués à tort, dit-il, par beaucoup de gens, aux domaines de la mode, la construction, la restauration, l’électricité, la mécanique, etc.
La CMAH qui est dirigée par un conseil, a des acteurs et des partenaires qui supportent ses actions visant à structurer les différents corps de métiers pour leur valorisation, a expliqué Monsieur Garoute faisant remarquer que le but du salon est de renverser les préjugés qui datent de la colonisation.
Il existe en France et en Europe, des chambres de métiers, qui valorisent la formation professionnelle et ont permis aux gens de gagner leur vie à partir de leurs activités, a, par ailleurs, souligné le président de la CMAH.
Eduquer, c’est aimer ; aimer, c’est développer le meilleur en soi pour aider le meilleur en l’autre à se développer, d’où l’épanouissement de la personne humaine dans toutes ses dimensions, a pour sa part, lancé le père William Colin, directeur du Collège Canado Haïtien, invite au micro par Monsieur Lucien Durand.
Il croit que l’initiative d’organiser ce salon de compétences ne saura que déboucher sur l’insertion socio-économique des jeunes. Le prêtre a rappelé que depuis quelques années, l’Etat a jugé bon d’insérer la formation professionnelle en milieu scolaire.
« Ce dont le monde d’aujourd’hui a besoin, ce sont des gens à mains sales et à la mentalité propre, c’est- à-dire la main à la pate pour construire, pour bâtir », a confié le prêtre qui a paraphrasé un psychologue américain tout en faisant ressortir la nécessité pour Haïti de se développer.
Monsieur Pierriche Olivil, parlant au nom de la Secrétaire d’Etat à la formation professionnelle Madame Marina Gourgue, a quant à lui, salué cette initiative qui, a-t-il dit, fait la promotion des valeurs d’Haïti.
Il a souligné les différentes réalisations de l’Administration Martelly dans ce domaine notamment le réaménagement de plusieurs centres de formation.
Admettant que l’Etat tout seul, ne peut s’occuper de la formation professionnelle, Monsieur Olivil, a déclaré que le bureau est prêt à apporter son assistance à ce genre d’activités.
Après la cérémonie d’ouverture, plusieurs intervenants dont le docteur Fresnel Larosilière, médecin de la congrégation des Frères du Sacré-Cœur, ont eu des séances avec des participants et participantes au salon ; tandis que l’économiste Kesner Pharel présentait après une pause, une conférence-débat à la salle de conférence du collège sur la situation mondiale en termes de productivité et de compétitivité.
Monsieur Pharel qui dirige la firme « Group Croissance SA », a insisté sur la notion de développement Technoscientifique que l’université à son avis, pourrait s’en occuper.
A l’heure de la grande concurrence, le concept Management qui renvoie à la stratégie et celui du leadership doivent se correspondre pour qu’il y ait développement, a soutenu l’économiste en faisant allusion à la situation d’Haïti.
Dans tous les exemples cités qui tiennent compte de douze (12) piliers ayant trait à la mondialisation, Monsieur Kesner Pharel a présenté un fichier sur lequel il a fait une comparaison tenant compte des facteurs « productivité et compétitivité », entre Haïti, la République Dominicaine et la Jamaïque.
Les résultats montrent que ces pays dépassent Haïti quant à leur niveau de développement, a-t-il précisé tout en invitant les haïtiens à innover pour ne pas rater le train de la mondialisation.
La deuxième journée du salon de compétences, a débuté avec l’intervention de l’éducatrice de carrière Madame Franck Paul en présence d’un public pour le moins avisé. Elle a souligné l’urgente nécessité pour les professeurs d’acquérir de nouvelles connaissances notamment au moyen des Technologies de l’information et de la communication afin d’accompagner les élèves dans leur apprentissage.
Il nous faut aujourd’hui avec l’internet, une nouvelle école qui facilitera la recherche, a alerté Madame Paul, qui a toutefois noté le côté pervers des TIC en citant à titre d’exemple la télévision, le téléphone, les réseaux sociaux.
Le téléphone est devenu maitre de l’enfant et l’accapare à la maison et même à l’école, a opiné l’éducatrice, qui conseille aux professeurs d’indiquer à leurs élèves les sites à visiter, qui véhiculeront des connaissances susceptibles de renforcer leur formation.
Les questions des participants et participantes, les unes plus persistantes que les autres, ont soulevé de grandes interrogations sur le développement d’Haïti, qui peine selon eux, à se concrétiser à cause des choix économiques désastreux et des mauvaises décisions politique des principaux régimes qui s’y sont succédés.
Au cours de ces deux journées coordonnées par un comité, qui n’a rien négligé en termes de planification, d’accueil et de responsabilité, les visiteurs et visiteuses ont admiré et acheté des produits de l’artisanat et ceux destinés à la consommation, exposés à l’occasion.
Les démonstration sur des appareils et équipements installés dans plusieurs salles et sur la cour, conduites par des étudiants finissants du Centre de formation professionnelle d’Haïti Canado-Technique, qui apprennent l’électrotechnique, la mécanique, l’électricité, les télécommunications, l’informatique ainsi que ceux de l’Ecole Supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH), l’Université Saint-Gérard, Diesel Institue of Haïti, du Centre d’études et de le coopération internationale (CECI), de l’Ecole Ste Trinité, ont été applaudies par les visiteurs et visiteuses.
Ces étudiants ont exprimé leur satisfaction d’avoir eu l’opportunité de démontrer leur potentiel technique tout en se déclarant prêt à investir le marché du travail.
Plusieurs autres institutions parmi elles, la coopération Suisse, Build change, ont collaboré à la réussite du premier salon de compétences en présentant au public leurs réalisations à côté de la bonne restauration et de l’ambiance musicale, qui ont aussi marqué ce grand événement.
André Marc Odigé
andremarcodige@yahoo.fr amovanoue@gmail.com
HIP