Port-au-Prince ! Lundi 26 Mars 2018.-
Par L’Express
À ce jour, seulement 25% des terres de la planète n’ont pas été “significativement affectées” par l’activité humaine. D’ici 2050, ce ratio devrait chuter à 10%. Tel est le constat soulevé par une vaste étude de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services éco systémiques (IPBES), réunie en session plénière toute la semaine à Medellin, en Colombie. “Nous avons vraiment changé la surface terrestre”, a souligné Robert Watson, président de l’IPBES, qui compte 129 pays membres. “Nous avons transformé une grande partie de nos forêts, de nos prairies, nous avons perdu 87% de nos zones humides”, a-t-il poursuivi.
Le phénomène est alimenté par “le style de vie hautement consumériste” des pays riches, ainsi que par la croissance des revenus et de la démographie dans les pays en développement, ajoute le rapport. En raison de leur mauvaise ou surexploitation, les sols perdent en qualité. Cela se traduit par une diminution croissante de “terres cultivables et donc de moyens de subsistance”, a-t-il ajouté.
Cette dégradation des terres, causée entre autres par des pratiques agricoles non-durables, la pollution et l’expansion urbaine, nuit déjà au bien-être de 3,2 milliards d’êtres humains, soit 40% de la population mondiale. Le phénomène “rend les sociétés plus vulnérables à l’instabilité sociale, en particulier dans les régions sèches, où des années de très faibles précipitations ont été associées à une hausse des conflits violents allant jusqu’à 45%”, soulignent les chercheurs.
Selon cette analyse réalisée par une centaine de chercheurs bénévoles de 45 pays, la dégradation des sols va déplacer au moins 50 millions d’humains d’ici 2050, jusqu’à 700 millions si aucune mesure n’est prise pour enrayer les dégâts. La projection la plus optimiste sera atteinte même “si nous essayons vraiment d’avoir des pratiques agricoles et forestières plus durables, de minimiser le changement climatique par une économie à faible teneur en carbone”, a ajouté le président de l’IPBES.
Le rapport a demandé trois ans de travail et compile toutes les publications scientifiques récentes sur ce thème. Sa réalisation a coûté environ 810 000 euros (un million de dollars). L’IPBES a déjà rendu vendredi un verdict inquiétant sur l’état de la biodiversité de la planète, menacée par une extinction massive des espèces, la première depuis la disparition des dinosaures, la première provoquée par les humains.