Port-au-Prince ! Mardi 6 Mai 2014.-
La Ministre déléguée auprès du Premier Ministre chargée des droits humains et de la lutte contre la pauvreté extrême Marie Carmelle Rose Anne Auguste a mis l’accent lundi sur l’importance de la langue et de la culture créoles et rappelé que « c’est par la culture et la langue que les gens se découvrent des affinités, une identité commune, des rêves communs », rapporte son bureau de communication dans une note de presse parvenue à l’agence d’information en ligne Haïti Inter Presse.
La Ministre Auguste, qui intervenait à la tribune des nations unies à New-York comme représentante du gouvernement haïtien à un débat thématique de haut niveau sur « Culture et développement durable dans l’agenda de développement Post-2015 », dit déplorer l’attitude des « bailleurs de fonds et des États qui se montrent souvent réticents à investir dans des campagnes de communication assurant la promotion de la culture d’Haïti et la promotion de sa langue nationale (le créole) ». Cette tendance, selon la Ministre déléguée, nuit au développement du pays.
« Combien d’organismes internationaux envoient en Haïti des missions composées d’“experts” qui ignorent le B-A-BA de la culture et des langues d’Haïti, se demande Madame déléguée qui plaide en faveur de la réorientation l’aide internationale. « Beaucoup trop d’organismes qui y œuvrent pensent encore pouvoir imposer leur propre modèle de développement », a-t-elle martelé.
La Ministre Marie Carmelle Rose Anne Auguste, artiste de son état, et invitée spécialement par les nations unies, avait commencé son intervention par la chanson traditionnelle haïtienne « Fè yon vèvè pou mwen Damballah Ouèdo se bon ». Elle a été chaudement applaudie par l’assistance.
L’ex-Gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, Envoyée spéciale de l’organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour Haïti, estime pour sa part, que « la culture doit être prioritairement figurée dans l’agenda du développement de l’après-2015 ». Les arts et la culture sont des armes puissantes de construction massive, Selon Madame Jean qui a mis en évidence le patrimoine culturel haïtien.
« Le gouvernement haïtien rêve de moyens suffisants pour construire des quartiers, des villages avec des services et des espaces publics conviviaux, des constructions de qualité qui témoigneraient de la fulgurance des modes d’expression, de la capacité de faire, capacité d’innover de la population », a affirmé l’Envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti.
Madame Michaëlle Jean a par ailleurs, exprimé ses préoccupations sur l’approche le plus souvent adoptée par l’internationale « les solutions toutes faites imposées au pays en développement, dans une sorte de charité mal ordonnée sans tenir compte de la volonté, ni de l’identité, ni de la clairvoyance, ni de la créativité de la population sont inévitablement vouées à l’échec ».
Après une brève mise en contexte de cette activité qui a duré deux jours, la Directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a insisté sur la nécessité de prendre en compte la dimension culturelle dans les programmes de développement qui, d’ailleurs, a été négligée lors de l’adoption en 2000 des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
« Lors de la déclaration du Millénaire en 2000, aux Nations Unies, la culture a été oubliée dans le débat comme si l’humanité pouvait s’épanouir sans la culture. Depuis lors, en moins de dix ans, la culture s’est imposée dans les politiques publiques démontrant son potentiel économique et social, et surtout son impact direct pour réduire la pauvreté », a déclaré Irina Bokova.
« Aujourd’hui, ce qui est en jeu désormais, ce n’est pas le développement seulement ; mais le développement durable et inclusif. Et la culture est notre meilleur atout », a ajouté la Directrice générale de l’Unesco qui croit nécessaire d’inclure la culture dans l’agenda de développement post-2015.
C’est le Président par intérim de l’Assemblée générale, accompagné du Vice-secrétaire général des Nations Unies, qui a donné le coup d’envoi de ce débat.
Pour adapter des approches de développement à des contextes locaux et garantir des résultats réussis, le Président par intérim de l’Assemblée générale pense qu’il est essentiel de tenir compte des aspects culturels de la société.
Ce débat thématique auquel ont pris part des ministres de la Culture, de la jeunesse, du tourisme, de la défense des droits humains en provenance de près d’une vingtaine de pays, a été organisé en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Les différents ministres participant à ces assises ont eux aussi reconnu l’importance de la culture dans le processus de développement d’un pays. C’est le cas de la Ministre de la Culture du Mali, Ramatoulaye Diallo N’Diaye, qui s’est engagée à faire de la culture le quatrième pilier du développement de son pays. Le débat thématique de haut niveau sur « Culture et développement durable dans l’agenda de développement Post-2015 » a pris fin mardi 6 mai 2014.
HIP