par Marion Douet
PARIS (Reuters) – Mercredi 30 Juillet 2014.-
La ministre française de l’Energie Ségolène Royal a assis mercredi son autorité en présentant un projet de loi de transition énergétique qui évacue des questions polémiques comme le nucléaire mais ouvre la voie à un véritable bouleversement de la politique énergétique française.
La classe politique a globalement salué l’esprit de ce texte, même si des inquiétudes se font jour sur la mobilisation des 10 milliards d’euros de financements annoncés, un montant irréaliste pour certains et insuffisant pour d’autres.
“Le plus difficile pour finaliser ce texte a été de rassembler et de rapprocher des points de vue très divergents. Il s’agit d’un secteur majeur, stratégique pour l’avenir de notre pays et stratégique pour chaque citoyen”, a dit devant des journalistes la quatrième ministre de l’Energie de François Hollande.
Ecartée du gouvernement pendant deux ans, l’ancienne compagne du président a réussi son pari, trois mois à peine après son arrivée à l’Ecologie après le camouflet subi par la majorité aux élections municipales de mars dernier.
Plusieurs dirigeants écologistes ou d’organismes chargés de l’environnement ont salué les arbitrages défendus et obtenus par la nouvelle ministre dans ce projet de loi fleuve de plus de 60 articles traitant d’énergie, de transport, de qualité de l’air ou encore d’économie circulaire.
“C’est une avancée importante”, a dit mercredi le député Vert Denis Baupin sur France Inter, insistant sur la nécessité de rester “vigilant”. “Tout cela va dans le bon sens.”
Dans un communiqué, le groupe UMP à l’Assemblée nationale a fustigé l’objectif de réduire la part du nucléaire mais a salué l’alignement de certaines mesures sur ses propres propositions.
“Si certains y voient le verre à moitié vide, d’autres y verront le verre à moitié plein”, écrit Julien Aubert, porte-parole du groupe UMP, soulignant que le texte, selon lui parfois contradictoire, devra être amélioré par le Parlement.
L’opposition estime également que le gouvernement “s’apprête à dépenser des milliards d’euros” sans avoir mis en place les outils nécessaires à une “dépense efficace”.
“Ce qui est très important c’est l’imagination. Nous avons mis en place une ingénierie financière. Les dix milliards que je trouve pour la transition sont dix milliards d’investissements qui permettent de faire levier”, a répondu Ségolène Royal.
Ces financements seront principalement composés de prêts aux ménages, collectivités et entreprises, et d’allègements fiscaux sur les travaux de rénovation thermique et l’installation de bornes de recharges pour voitures électriques.
L’effort financier du gouvernement viendra essentiellement des pertes de recettes liées à ces allègements fiscaux, qui devraient être de l’ordre de 1,5 milliard d’euros jusqu’à fin 2015, indique-t-on dans l’entourage de Ségolène Royal.
Les revenus issus des participations de l’Etat dans le secteur de l’énergie alimenteront un fonds de 1,5 milliard d’euros destiné à soutenir les territoires à “énergie positive” et “zéro déchets”.
L’ancienne ministre de l’Ecologie Chantal Jouanno (UDI) a jugé le texte perfectible et “loin d’être révolutionnaire”, déplorant que la fiscalité écologique n’y figure pas.
Mais la fiscalité écologique relève de la loi de finances, répond-on au ministère de l’Ecologie.
Le texte sera examiné en commission à l’Assemblée à partir de début septembre, pour une adoption attendue début 2015.
HIP