Reporters sans frontières a décerné mercredi son prix 2013 pour la liberté de la presse au journaliste ouzbek Muhammad Bekjanov, emprisonné depuis 14 ans dans son pays, et au quotidien sri-lankais Uthayan, journal en langue tamoule soumis à de multiples menaces et agressions.
La récompense, parrainée par le quotidien Le Monde et la chaîne TV5 Monde, a été remise à l’occasion du deuxième Forum mondial de la démocratie organisé à Strasbourg par le Conseil de l’Europe.
Ancien rédacteur en chef du principal journal d’opposition ouzbek, Erk, Muhammad Bekjanov a contribué à dénoncer la catastrophe écologique de la mer d’Aral, le recours au travail forcé dans les champs de coton ou la privatisation de l’économie, a expliqué la défenseure des droits de l’homme ouzbèke Nadejda Atayeva, qui recevait le prix en son nom.
Sous le coup d’accusations montées de toutes pièces et torturé, selon elle, il a été condamné à 15 ans de prison en 1999, puis de nouveau à quatre ans et huit mois supplémentaires en janvier 2012. Il serait atteint de tuberculose.
Uthayan, primé dans la catégorie médias, est le seul journal en langue tamoule à avoir continué à exister au Sri Lanka durant la guerre civile qui a opposé l’armée régulière à la rébellion des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul de 1983 à 2009.
Proche de l’ancienne aile politique des Tigres, le journal a encore récemment subi un saccage de ses locaux à Jaffna, dans le nord du pays, et plusieurs de ses employés et journalistes ont été tués, menacés de mort ou contraints à l’exil.
Le courage, “c’est la chose la mieux partagée par tous les lauréats du prix qui se battent contre la propagande qui est faite de mensonges et de sciences. Ils prennent des risques. Ils sont prêts à sacrifier leur liberté pour atteindre une liberté plus grande encore. Il n’est pas de liberté humaine sans vérité”, a déclaré Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans frontières, en présentant les lauréats.
